Fils de
30 portraits de Zabou Carrière et 30 textes de Taina Tervonen, 2009-2011
Filles et fils de leurs parents
Ils ont entre 18 et 87 ans, ils vivent dans de grandes villes ou dans de petits villages. Ils n’ont en commun que le fait d’être majeur et d’avoir au moins un parent homosexuel. Ils ont accepté de partager leur histoire et de poser. Pendant un an, les rencontres se sont succédé, le fruit du bouche à oreille et du hasard.
Trente portraits, trente histoires. Trente regards sur la famille
Ce projet donne à voir ce que les fils et filles de parents homosexuels ont en commun avec tout un chacun : une histoire de filiation, heureuse, douloureuse, comme toutes les filiations.
Que celle-ci se soit construite avec des parents homosexuels importe peu, au fond. Comme le dit l’un d’eux : « L’homosexualité, c’est quelque chose d’accessoire. Ce qui importe dans une histoire de famille, c’est tout le reste. La séparation, le deuil, les secrets. » Ou comme le conclut une autre : « Ma famille, c’est de la présence au quotidien, de l’éducation, du bonheur, des souvenirs, des disputes, des valeurs transmises, des échecs… ».
Ce projet donne la parole à ceux que l’on n’entend pas dans les débats idéologiques des « pour » et des « contre ». C’est une parole de l’intime. Elle ne proclame rien, elle n’est pas là pour revendiquer, mais simplement pour raconter la réalité d’une histoire familiale. Toutes les étiquettes deviennent alors futiles.
Le projet aurait pu s’appeler « Enfants d’homos ». Il s’appelle « Fils de… » parce que c’est ce que nous sommes tous : fils ou filles de nos parents.
Les intentions de Zabou Carrière, photographe
Je photographie rarement les gens en gros plan. J’aime généralement montrer leur environnement. Pour ce projet, il m’a semblé rapidement évident qu’il fallait me rapprocher d’eux. Ce qui m’intéressait, c’était les gens et rien qu’eux. C’est leur histoire intime qu’ils racontent et je voulais être au plus près.
Je me suis donc concentrée sur leur visage éliminant tout ce qui pouvait “encombrer” le sujet, nous éloigner d’eux, nous distraire.
Le gros plan s’imposant, comment faire poser les personnes photographiées lors de ces séances parfois longues et contraignantes ? J’ai recherché deux choses : une position du visage et un regard.
J’aimerais que ce regard nous attire, qu’il nous happe, que l’on puisse s’y plonger. Il ne cherche ni à affirmer ni à imposer mais incite plutôt à se questionner. A quoi pensent-ils ? En se posant cette question, on se met à leur place.
Les intentions de Taina Tervonen, auteure
Dans les entretiens, très libres, j’ai cherché les moments de confidence et d’intimité. C’est pour cela que j’ai choisi un témoignage à la première personne du singulier, en essayant de rester la plus proche possible de la parole dite dans la construction du récit. Ces textes sont des regards posés sur leur famille et leur parcours à un moment donné de leur vie.
En choisissant des personnes d’âges différents, de 18 à 80 ans, vivant partout en France, représentant des configurations familiales et des milieux sociaux différents, c’est aussi toute une diversité et une banalité de ces histoires que j’ai souhaité mettre en avant ; l’homoparentalité n’est ni un phénomène urbain ou parisien, ni un phénomène récent.
Les homosexuels ont toujours eu des enfants, que ce soit par adoption, dans le cadre d’une relation hétérosexuelle ou, plus récemment, grâce à l’assistance médicale à la procréation. Comment les enfants, devenus adultes, parlent de leur famille, de l’éducation qu’ils ont reçue, du regard de l’entourage ?
Fils de, le livre
Éditions Trans photographic press, textes de Taina Tervonen
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Vues d'expositions
Catalogue de l'exposition De Visu, Drac Normandie, 2018-2019
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