Les Habitants #1
Le projet avait comme point de départ la rencontre avec les habitants. J'ai frappé à la trentaine de portes de ces deux immeubles ; beaucoup se sont ouvertes, d'autres refermées ou restées closes.
J'ai mené ce travail en trois temps.
Lors de la première rencontre, nous avons fait connaissance ; pendant nos échanges, j'ai photographié les gens sur le vif.
Certains se sont livrés, d'autres ont retracé leur vie, m'ont fait part d'épisodes plus intimes de leur histoire ou sont restés discrets. Être dans un rapport de confiance réciproque, tâcher de croire encore en la sincérité de chacun de nous… pas si évident.
J'ai alors rédigé des textes librement inspirés des discussions que nous avions eues.
J'ai choisi de ne pas publier des propos que j'estimais trop personnels.
Dans un troisième temps, je suis retournée voir chacun d'eux pour faire leur portrait à la chambre 18 x 24 que mon arrière grand-père avait utilisée cent ans plus tôt.
Travailler en argentique est onéreux. Je souhaitais accorder de l'importance à cet instant et redonner à la photographie cet air d’exception qui disparaît. Faire de cet instant, un moment hors du temps, hors de notre temps : la durée d’exposition et la lenteur de la mise en œuvre vont à contre-courant des pratiques communes contemporaines de la photographie.
Au siècle passé, on allait chez le photographe. Aujourd’hui, il vient encore parfois au mariage. Si on ne se marie pas, on a peu de chance d’en rencontrer un. À quoi bon d'ailleurs puisqu’on peut se photographier soi-même.
En partenariat avec la mairie du 11e à Paris et Paris Habitat, 2017